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Episode 2 : le pote du théâtre

Quelques jours passent. Aux cours de théâtre, le blond et moi restons discrets et distants.

Un soir, nous nous revoyons, cette fois-ci chez moi, dans mon petit appartement suspendu au cinquième étage. Forcément, nous en venons à nous embrasser et, très vite, l’ambiance s’érotise. Je n’ai pas d’expériences avec les hommes. Je ne sais pas quoi faire de mon corps, comment le donner, comment en jouer. Plaît-il seulement, ce corps dont j’ignore tout, ses secrets, sa force de séduction, son pouvoir sensuel et charmeur ? Me mettre à nue, dans toute ma fragilité émotionnelle et ma vulnérabilité physique, me bouleverse. Enlacés sur mon canapé, dans le silence de la nuit, je perçois chez lui une douceur inattendue qui me donne confiance. Sa délicatesse me fait frémir. En même temps, je ressens une virilité, une fermeté que je n’ai jamais connues et qui me troublent. Je me laisse surprendre par l’expertise maîtrisée de ses mains sur moi. Son regard, brûlant de désir, flatte mes courbes, me fait prendre conscience que ma peau a le potentiel d’exciter. Son corps me plaît terriblement, il est harmonieux et ferme, j’ai du mal à croire que j’ai un homme pareil dans mes bras à ce moment-là. Je lui plais, je le sens dans ses yeux. Je suis rougissante mais cette fois-ci parce que je me sens flattée d’être ainsi appréciée. L’amour dure longtemps, s’intensifie, s’électrise. La vue de ce corps si beau me donne une impulsion charnelle, l’envie de procurer du plaisir même si je ne sais pas comment m’y prendre. Sous le coup d’une confiance dopée au désir, je découvre en moi une sensualité inexplorée jusqu’à présent, une souplesse féline qui allume tout mon sang et rend mon partenaire fébrile. Mon corps fragile n’hésite finalement plus, répond aux instincts du désir dans une improvisation douce et forte à la fois. Les rôles alors s’inversent, je sens que je peux m'emparer des sens de l'autre et ce pouvoir de possession finit de me griser totalement. Sur ma peau court l’immensité étourdissante de tout le plaisir brûlant qu’une femme peut donner pour étancher la soif d’un homme saisi par le désir. Dans nos étreintes fiévreuses, ma timidité disparait. A-t-elle seulement existé, finalement ? Dans mon petit salon londonien, les bougies fondent délicieusement, les heures s’égrainent. Au loin par la fenêtre, brillent les buildings de La City. Le temps se dilate et s’étire à l’infini. Nos corps s’unissent sans fin dans une sensualité affolante. Nous finissons enivrés et délivrés dans les bras l’un de l’autre, la poitrine haletante, le cœur battant. Nos peaux moites, encore accrochées l’une à l’autre, se décollent enfin, presque douloureusement. Quelle heure est-il, déjà ? Je n’ai plus notion ni du temps ni de l’espace. Ce soir-là, sous les caresses fauves de mon partenaire, je me suis métamorphosée en une autre femme.

Cœur bavard - série littéraire

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