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Episode 2 : le pote du théâtre

Aujourd’hui, plusieurs années après, le temps a coulé.

Lui et moi avons entretenu une relation en pointillés. Lui n’était pas prêt à se remettre en couple. Moi, je n’avais pas totalement guérie de ma longue relation et mes émotions étaient encore bien trop à fleur de peau pour entamer quoi que ce soit de serein avec quelqu'un. Il a fini par rentrer à Paris pour des raisons professionnelles. Un soir avant son départ, à une crémaillère chez une amie, il m’a surpris lors d’une conversation enflammée durant laquelle il me confiait sa tristesse de me laisser. Je m’étais moi-même étonnée en lui proposant d’entreprendre une relation à distance, qu’il refusa immédiatement, trouvant l’idée d’avance frustrante. Nous avions passé une dernière nuit ensemble, nostalgique et sensuelle.

 

***

 

A la terrasse d’un café parisien, dans le quartier des théâtres, non loin du boulevard Edgar Quinet, deux trentenaires prennent un cocktail. Lui, dans son blouson de cuir, est toujours aussi séduisant. Son regard pétille toujours du même regard ambigu d’il y a quelques années. Elle, en face de lui, porte une longue robe moulante estivale. Son regard n’est en revanche pas le même qu’auparavant : l’œil droit, fixé sur son partenaire de discussion, elle ne regarde plus ni le sol ni le ciel à la recherche d’une échappatoire.

Ils sont redevenus les amis de théâtre qu’ils étaient. Il lui apprend qu’il va se marier d’ici quelques mois avec une belle brune américaine rencontrée lors d’une soirée à Paris. Après une telle révélation, l’ancienne londonienne qui vivait au cinquième étage d’un bâtiment rue Lloyd Baker ne peut s’empêcher de lancer, à la fois surprise et amusée : « toi, te marier ?! » qui le fait spontanément rire.

Leur regard se fige l’un dans l’autre et en dit long, leur rappelle un vieil exercice de théâtre à travers lequel, silencieux, ils ont fait connaissance et se sont séduits, dans le passé. Sourire muet et mutuel aux coins des lèvres. Elle ne craint plus les blancs dans la conversation, désormais, et se délecte de laisser celui-ci durer un peu.

Il s’appelait Thomas.

Cœur bavard - série littéraire

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