top of page

Episode 1 : le clandestin péruvien

Aujourd’hui, plusieurs années après, le temps a coulé.

Lui et moi avons eu une relation de quatre mois environ. Je faisais les allers-retours entre Londres et Palma tous les mois. Nous passions des moments forts et doux ensemble, intacts comme au premier jour, jusqu’à ce week-end fatidique où, sur une plage, un soir alors que nous nous enlacions, quelqu’un m’a volé mon sac à main dans mon dos. J’ai ainsi perdu mon téléphone, mes papiers et ma carte bleue. Lui, évidemment, n’avait pas un rond sur lui ; nous avons dû survivre pendant la fin de mon séjour, soit deux jours, sans argent ni moyen de contacter quelqu’un pour nous aider. Il avait frappé aux portes de quelques amis mais personne ne répondait. Sur moi, il me restait cinq euros : pile de quoi payer la navette centre ville-aéroport, sans pouvoir payer sa place à mes côtés. Nous nous sommes nourris de cacahuètes et de pain pendant ces deux jours grâce à un gros sachet en plastique rempli de pièces rouges retrouvé dans un de ses fonds de tiroirs et qui nous a permis d’acheter à peine de quoi survivre. Fatalement, mais en toute logique, il n’a donc pas pu me raccompagner jusqu’à l’aéroport, manque d’argent pour payer sa place dans le bus. Ce jour-là, prise de panique, je suis entrée dans une colère noire contre moi-même. Dans quel délire m’étais-je lancée avec un mec pareil ? Coralie, réveille-toi ! Devant cette situation d'urgence, sans carte bleue, sans téléphone, mes mots sont devenus durs envers lui, et nous nous sommes violemment disputés ce jour-là.

Je suis rentrée comme j’ai pu jusqu’à Londres, révoltée contre moi-même, ma naïveté, mon cœur tendre, ma crédulité. J’ai décidé de ne plus lui répondre et de l’oublier. Un jour, je me souviens avoir fondu en larmes à la sortie d’un bus, alors que j’écoutais « La Isla bonita » à fond dans mes oreilles. 

 

***

 

Sur l’île de Palma, le vent brûlant souffle tout l’été. La journée, le soleil écrase ses habitants et les plages sont désertes. Le soir, à la nuit tombée, quand l’air frais reprend possession des rues, les gens sortent de leur tanière, comme des souris lorsqu’elles sentent que le danger est loin.

Sur une plage, proche du centre ville, des joueurs de volley-ball se retrouvent chaque soir pour s’adonner à leur passion. Leurs cris enthousiastes et leurs rires bruyants se répandent sur le sable et jusque dans la mer. Ils vivent heureux et insouciants, sur cette belle île espagnole dont ils sont les rois. Dans ce groupe, un beau jeune homme à la peau brune et l’âme poète a bouleversé ma vie et hante encore mes souvenirs.

Il s’appelait Orlando.

Cœur bavard - série littéraire

  • Instagram
  • Facebook

Tous droits réservés 

bottom of page